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VERRET Patrick, (2005), Changer de sexe pour vivre enfin. Le long combat de Manon devenue Patrick, 543 p., Laval, Québec (Canada): publié à compte d'auteur, http://www.patrickverret.com.

C'est une biographie d'un ex-trans’ FtM, (il se considère maintenant comme un homme), qui a aussi une dimention spirituelle. Que l'on y adhère ou pas n'est pas important. Ce qui compte c'est le message d'espoir que nous délivre l'auteur. Les 300 premières pages montent les conséquences d'une transidentité non prise en charge. C'est un travail énorme et difficile que de se replonger dans tous ces (mauvais) souvenirs, ça n'a pas dû être facile. C'est un témoignage très bien écrit qui se lit facilement. Il y a des expressions québecquoises qui sont inconnues (fumer du “pot”, j'ai compris à la 3ème occurence de quoi il s'agissait), d'autres qu'on devine facilement (“être aux hommes” ou “être aux femmes”). Ce n'est pas un obstacle à la compréhension pour les autres francophones. Je trouve que c'est même intéressant de voir comment une langue évolue en fonction de la culture. C'est un livre écrit pour le grand public et c'est l'une de ses qualité, ce qui ne veut pas dire que les professionnels de santé ne le trouveront pas intéressant. J'ai aimé ce livre et je le conseille aux parents car il me semble qu'ils pourront en tirer le plus grand bénéfice. Les trans’ aussi y trouveront un intérêt, surtout ceux qui font passer la vie de leurs proches avant la leur. Cela leur permettra peut-être de prendre conscience qu'ils ne peuvent qu'aimer mieux les autres s'ils s'aiment mieux eux-mêmes. Se sacrifier pour faire plaisir à ses proches ne les rend pas plus heureux. En fait tout le monde en paye le prix et l'addition peut être très lourde. Le prix du livre d'environ 43-45 € frais de port inclus est raisonnable pour les 543 pages et 50 photos. Il est possible d'avoir un aperçu du livre sur le site de l'auteur: http://www.patrickverret.com. A commander sur internet ou par traite bancaire internationale de $65 canadiens.


YSSER Marie-Pier, (2003), J'inventais ma vie, Paris, Editions Osmondes, 238 p.
ISBM: 2-915036-07-1.

Ce roman inspiré de sa biographie se déroule pendant les événements d'Algérie qu'elle restitue finement. Il faut attendre un peu plus de la moitié du roman pour savoir que le personnage principal est une fille. Auparavant, le personnage était neutre, hormis un ou deux accords au féminin. Enfant dans une bourgade kabyle, on entre dans l'univers des cancans et d'une morale rigoureuse pour ne pas dire rigide. L'auteure nous décrit aussi le petit monde gay d'Alger, un journaliste influent à la double vie, la truculente grande folle patron de restaurant, qui va employer l'éroïne... Les événements sont aussi présents, les complots contre De Gaule, les soutiens à la France, les opinions des uns et des autres. On vit les interrogations d'un personnage en devenir, qui se réalise en femme pour partir à Paris. J'aurais bien aimé connaître sa vie sur Paris, connaître l'univers des trans de l'époque. Espérons que cela sera fait dans un prochain roman. Le roman commence par 14 magnifiques dessins, des auto portraits de l'auteure, je suppose, qui la représente dans ses jeunes années, déjà jolie. L'auteure était connue dans les années 60 sous le nom de Banbi chez Madame Arthur puis au Carrousel, où elle a été vedette. Après son changement d'état civil, Marie Pier reprend des études et devient professeure de lettre dans un lycée de banlieue. Elle exercera ce métier durant 30 ans. Sa retraite lui permet de s'assumer au grand jour.


Marie-France, (2003), Elle était une fois, Paris, Denoël, X-Trême, 348 p.
ISBM: 2-207-25357-0.

Née en Algérie en 1946, sa famille vient en à Paris en 1962. Elle fréquente les artistes et le monde de la nuit à Saint Germain des Prés. La drogue circule largement, elle y perdra 10 ans de sa vie. Elle décrit le milieu LGBT de Saint Germain des Prés à Pigalle. Contemporaine de Banbi, Coccinelle, le milieu artistique connaît sa particularité, ce qui ne l'empêche pas d'avoir de nombreux amants dont certains parmi les célébrités de l'époque. Est-ce aussi à cause de cette particularité qu'elle a de grandes difficultés à trouver des producteurs pour enregistrer des disques malgré son talent ? En 1971, elle est l'égéries des Gazolines bien qu'elle ne soit pas vraiment militante. C'est grâce à son personnage de Maryline qu'elle fait son trou. L'épidémie de sida emporte une bonne partie de ses amies transsexuelles. 1985, c'est l'année de son opération et de son nouvel état civil. Pour les personnes qui ne connaissent pas ce milieu de Saint Germain des Prés, cette floraison de petits détails peut sembler fastidieuse, Marie France aurait pu faire plus court. Mais historiquement, j'y ai trouvé quelques informations que je n'avais pas lu ailleurs.


FOERSTER Maxime, (2004), La différence des sexes à l'épreuve de la république, (Questions contemporaines), L'Harmattan, 126 pages.
ISBN: 2 7475 5411 2.

L'auteur défend la thèse que si l'on appliquait le principe d'universalisme républicain, on pourrait envisager une conception non sexuée de la citoyenneté, ce qui permettrait de fait d'en finir avec les discriminations relevant du sexe, de l'identité de genre et de l'orientation sexuelle. En fouillant dans l'histoire de France et en interprétant ce principe de citoyenneté abstraite, il a vu une convergence entre une approche queer de la subjectivité et une approche républicaine de la citoyenneté. Il a voulu montrer que la dissemblance anatomique ne devait pas se muer en sacro-sainte différence des sexes, c'est-à-dire en une théorie politique de ségrégation du masculin et du féminin fondée sur le régime de l'hétérosexisme. Paradoxalement, même si l'essai ne se penche pas directement sur les trans, il est tout entier centré sur la critique de la différence des sexes et le projet de faire sauter la division sexuelle de l'humanité.


CALIFIA Pat, (2003), Le mouvement transgenre, changer de sexe, Paris, EPEL, 384 p.
ISBN: 2-908855-75-5.

Titre original: Sex changes, the politics of transgenderism, (1997), San Francisco, Cleis.

Ecrit de l'intérieur, on voit la théorie queer en application. Patrick Califia commence par une analyse des premières biographies trans (Christine Jorgensen, Jan Morris, Mario Martino). Il poursuit par les positions des pionniers de la question trans du monde médical (Benjamin, Stoller (sommairement), Green, Money). Il continue avec les écrits transphobes des féministes essentialistes qu'elles soient lesbiennes ou non, (Janice Raymond et Catherine Millot, la seule française traduite en anglais). Il aborde les positions également transphobes des mouvements gays (Jonathan Katz, Walter William, Will Roscoe, Raymón Guttiérez). Puis il aborde les biographies trans contemporaines (Renée Richards, Mark Rees, Leslie Feinberg, Kate Borstein), leur évolution. Le chapitre suivant est consacré aux partenaires des personnes trans. Pat Califia cite abondamment Virginia "Charles" Prince, activiste travesti de la première heure qui tente de "normaliser" les travestis en gommant le côté sexuel qui peut être présent (mais pas toujours). Virginia "Charles" Prince essaie de dépathologiser le travestissement. Bien qu'elles existent, Pat Califia montre aussi l'invisibilité des travesties femmes. Le livre de Pratt, lesbienne-femme qui a eu une relation avec Leslie Feinberg est aussi abordé avec le roman de Leslie Feinberg. Il poursuit par la politisation du mouvement transgenre de par son activisme. Les effets du lobbying et l'influence des meurtres de trans comme moteurs de la mobilisation et de la politisation des trans apparaît. Les militants se rendent compte qu'ils sont suffisamment nombreuxSES pour faire avancer leur droits et pour constituer une communauté. Le contre pouvoir face au corps médical et contre l'exclusion des transsexuelles des mouvements féministes et lesbiens s'organise. Enfin Pat Califia termine avec l'évolution du mouvement trans, la prise en main de cette question par des trans, comme Kate Borstein, Leslie Feinberg, (dont certainEs sont des professionnelLEs de la médecine). Les apports de ces deux auteures restent controversés dans une partie de la communauté trans.

Il est dommage que les éditions EPEL n'aient pas jugé utile de publier la bibliographie dans la version française. Idem pour la traduction du titre qui éradique le mot "politique", ce n'est pas intellectuellement honnête. La traduction du titre aurait pu être: "Changements de sexe, la politique du transgenerisme".

A lire absolument par toute personne qui s'intéresse sérieusement à la question trans.


LACOSTE Bernadette, (2003), Journal d'un(e) transsexuel(le), (du 21 mars 1939 au 1er mai 2000), Paris, Edition des écrivains, 247 p.
ISBM: 2-7480-0649-6.

C'est l'histoire d'une trans lesbienne heureuse et une belle histoire d'amour. Elle donne des tas de petits tuyaux pour la transition. La sexualité est abordée sans complexe. Dommage qu'elle se sente obligé, dans deux ou trois passages, de dire qui peut avoir accès ou non à la transition, les personnes qui ne feront pas des femmes crédibles et les futurs hommes sous prétexte que la chirurgie n'est pas au point (surtout à son époque). C'est ignorer le réel soulagement qu'une transformation même partielle peut apporter. Ce qui est inacceptable pour certainEs peut l'être pour d'autres.


DE FROISSAC Delphine, (2004), La solitude du désir, Flayosc, éditions LAU, 212 p.
ISBN: 2-84750-058-8.

A la fois biographie, recueil de poèmes et pièce de théâtre, ce récit bien écrit se lit rapidement. La première partie est une pièce de théâtre qui montre les relations entre une “transsexuelle” et son médecin et les difficultés pour s'accepter après diverses tentatives pour lutter contre sa vraie nature. La suite enchaîne des lettres destinées aux médecins de l'auteure et des poèmes reflétant sont état d'esprit. On ne peut que constater que les importantes phases dépressives de la maladie bipolaire dont Delphine souffre viennent aggraver les effets négatifs de la longue (et inutile) attente de sa transition. Cela n'empêche pas sa créativité de s'exprimer mais ça la colore d'une façon plus sombre voire morbide. Une attente trop longue met en péril l'insertion sociale et professionnelle des personnes concernées au point de parfois d'en contraindre certaines à un douloureux retour en arrière. Les dernières lettres et derniers poèmes ont une touche plus positive.


SIMON Sophie, (2004), Un sujet de conversation, Paris: Stock, 231 p.
ISBN: 2-234-05694-2.

Ce livre est une sorte de guide de tout ce qu’il ne faut pas faire quand on est trans et qu'on veut faire une transition. On a l'impression qu'elle a cumulé. Cela commence dans un service de réanimation. On devine une tentative de suicide. C'est surtout à cause d'une fierté mal placée qui lui ont fait faire les mauvais choix qu'elle a rencontré autant de difficultés pour faire sa transition. Cela n'excuse en aucune façon les incompétences flagrantes d'un bon nombre de “spécialistes” auto proclamés, comme ce psychiatre pervers nommé expert pour son changement d'état civil. Une histoire d'amour de 2 ans vient donner un peu de bonheur. Après les professionnels de santé, les associations et les trans ne sont pas non plus épargnés. Ecrit avec un humour corrosif, poussant parfois jusqu'à la caricature, Sophie Simon a un vrai talent d'écrivain. J'ai hâte de lire son premier roman.


TROVATO Ludwig, (2003), Mon corps en procès, Paris: Flammarion, 229 p.

Histoire d'un transgenre gay et d'une accusation mensongère de viol par un jeune homme qui n'assumait son homosexualité. La sexualité est au centre du débat. La construction du livre évoque la perturbation et la transformation qu'a entraîné cette accusation et le parcours judiciaire de 3 ans qui en a découlé. Une fois le non-lieu prononcé, la justice ne s'est même pas excusée d'avoir poussé la bouchon aussi loin puisque le morale seule aurait justifiée l'accusation. En fait c'est ce que Ludwig était qui a justifié un tel acharnement. Parce que trop bien dans sa peau, les psychiatres autoproclamés spécialistes de la transsexualité ne l'ont pas aidé et c'est en dehors d'une façon personnelle que Ludwig a fait sa transition afin de faire correspondre son corps avec l'idée qu'il s'en faisait.



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