Emission du 11 décembre 2003

Première partie de l’émission :

Pourquoi « BISTOURI OUI ! OUI ! comme titre de l’émission ?

Ca fait un mois que l’on a choisi ce titre. Au départ c'était "la radio trans-terroriste" mais comme ça faisait peur à tout le monde, on a enlevé trans-terroriste. On reviendra plus tard sur le pourquoi on a enlevé trans-terroriste et sur le pourquoi on l’avait choisi au départ. Mais avant le pourquoi "BISTOURI OUI ! OUI ! "

Il ne s’agit pas de "forcer" les trans’, à les inciter à une opération ou même définir les transsexuelLEs par une opération parce qu’on les distinguerait des transgenres par une opération, non, ce qui n’est pas le cas, à chacun sa définition, c’était surtout pour aborder la ré-appropriation du corps et se dire que par bistouri oui ! oui ! on avait la disposition de nos corps c’était surtout ça et puis comme c’est Vincent qui l’avait choisi …

Quant au mot terroriste, on nous a demandé de supprimer la référence on va dire post « 11 septembre ». Il est bien évident que notre groupe ne tient pas à être assimilé à des terroristes. En revanche on pense que la société oblige les trans’ à des actions qui sont à la mesure de la violence sociale. A la limite, le terrorisme est d’abord un terrorisme social.

Le festival gay et lesbien qui a eu lieu fin novembre.

Vincent nous parle des projections et des expositions auxquelles il a participé notamment celles de Del Lagrace.

PANSEXUAL PUBLIC PORN : un des protagonistes principaux de venus boy définit pansexuel par le refus de la binarité de la sexualité. Pour lui être bisexuel signifie qu’on est d’accord avec la binarité, la dichotomie mêle/femelle. Quand on est bi on est forcément attiré par les hommes, par les femmes alors qu’il y a plein d’autres choses au milieu. Le préfixe « pan » veut dire « ensemble », il rassemble tout le monde. Ce n’est pas exactement un documentaire, ni un reportage, ni une fiction. C’est un truc très « clair ». Dans pansexual public porn, Della Grace se ballade avec un de ses amis transgenre. Il n’ont pas de phallo, ils vont dans des lieux de dragues gays et ils proposent à des gens qui se promènent d’avoir des relations avec eux. Ce qui est intéressant c’est que c’est accepté d’emblée sans contrainte ou contrepartie. Ils sont tous là pour le plaisir au delà des stéréotypes des corps et de cette normativité qui existe dans la sexualité, que ce soit hétéro ou gay ou autre (vidéo/documentaire de 11mn).

Le 2ème film : « LE FILS PRODIGE » qui revient en Californie avec une caméra. Le moment fort lorsqu’il se retrouve à table avec sa famille. Il parlent des lèvres qui pendent avec sa mère (je vous laisse deviner lesquelles). Il ne se définit ni comme fille, ni comme garçon. ; On le retrouve à la fin dans un dialogue avec son neveu qui lui dit s’en fiche de savoir s’il est une fille ou un garçon. Pour lui ce qui compte c’est qu’il soit son oncle Del.<

Vincent a également participé à un vernissage présentant les photos de Del Lagrace ; ce sont surtout des portraits parlant de l’univers trans’ par un trans’. On a pas beaucoup l’occasion de voir ça. A noter également ses photos sur les dicks-clits après les hormones (site de del lagrace)

Le zap de la CNAM

Le 20/11 « journée du souvenir » à la mémoire de GWEN ARAUJO, une jeune trans’ qui s’est faite assassiner aux US par une bande de mecs qui, après l’avoir enterrée dans un bois sont allés manger au mac do.

Cette journée contre la transphobie est une façon de ne pas oublier qu’il y a des gens qui se font assassiner parce qu’ils sont de genre différent, parce qu’ils n’ont pas une identité de genre, un sexe psychologie selon les normes préétablies.

Jusqu’à maintenant on était pas capable de descendre dans la rue. Il faut pouvoir se détacher et se prendre en main, ne pas se soumettre à l’autorité. Les trans doivent cesser de légitimer ces équipes officielles qui officient sans règles écrites ! On constate fréquemment la nécessité pour les trans, au début de parcours, d’avoir un  papier attestant le transsexualité. Les trans disent « on est pas trans si on n’a pas ce papier ». C’est dur à faire entrer dans la tête que c’est un auto-diagnostic. Personne d’autre que la personne elle-même peut dire qui elle est.

Les trans’ doivent s’affranchir de cette prison qui consiste à dire: « j’attends que quelqu’un me dise que je suis trans ».

Pour la première fois, en dehors de l’ExisTrans, les trans sont descendus dans la rue. C’était comme un renversement de pouvoir. On n’était plus spectateurs, soumis. On est devenu acteur de notre propre parcours.

Le zap de la CNAM parce qu’elle est une plaque tournante de toutes nos revendications notamment la possibilité d’obtenir le changement du numéro de sécu.

Entre le changement d’état civil, qui induit une castration obligatoire avant le changement de papiers, sachant qu’il faut passer par une expertise, l’univers psycho-carcéral imposé par les équipes officielles aux personnes et la violence sociale qui est organisée par la société pour limiter l’accès à une vie normale, on a cette CNAM qui est centrale dans l’organisation de cet emprisonnement, rien que par l’absence de cette possibilité de changer ce numéro alors qu’il s’agit juste d’adapter un programme informatique. A partir du moment où l’informatique est fabriquée par l’homme pour son usage et non pas pour être esclave de la machine il faut adapter la machine à la nécessité humaine. C’est un faux problème qu’on nous oppose mais surtout c’est au delà de « c’est pas possible », il y a la volonté d’humilier. La société nous préfère dans le placard ou au cimetière.

La commission trans d’act-up est montée au créneau. Elle a réussi à mobiliser une quinzaine de personnes avec, fait exceptionnel à noter en passant, une majorité de garçons trans’.

On voulait faire une action coup de poing sachant que cette journée de commémoration existe depuis deux ans et à part mettre une petite bougie sur les balcons ça ne fait pas avancer grand chose. Il fallait faire une action, dénoncer la transphobie qui existe en France mais aussi mettre en avant que la transphobie est aussi causée par les équipes sensées s’occuper de la question, les équipes médicale et juridique.

Donc on a choisi la CNAM en raison du fait qu’elle impose un suivi par les équipes auto-proclamées officielles. Ca veut dire qu’en France seuls les trans’ n’ont pas le droit de choisir leur médecin. La CNAM renforce, sert d’instruments de contrôle à ces équipes afin de leur permettre de garder le contrôle. C’est ce que l’on a voulu dénoncer par ce zap.

C’était une première surtout pour les participants essentiellement trans’. Félicitation à la commission trans d’act-up Paris et à tous ceux qui ont participé au zap

Deuxième partie de l’émission

La deuxième partie de l’émission a été consacrée à la conférence avec Pat Califia du 23/11/2003 à l’occasion de son livre « le mouvement transgenre »

Le matin, les interventions étaient ciblées avec la question « les psy sont-ils transphobes ? ». Encore une fois, il est dommage, en dehors de Pat Carlifia, de constater qu’aucun autre trans n’intervenait à la tribune. Ce fut encore les psy qui parlaient des trans.

L’après-midi, nous avons assisté à un grand moment d’anthologie avec l’intervention de Marie-Hélène Bourcier.

Au début tout le monde riait et à peu près au quart de la lecture, les psy présents ont commencé à rire jaune puis ils se sont tus et il n’y avait plus que les trans qui riaient. Il y avait une atmosphère pesante qui s’est décoincée parce que Pat Califia a dit la même chose que Marie-Hélène mais d’une autre façon.

On a eu l’impression que pour une fois c’était les psys qui étaient re-questionnés sur leurs pratiques et leurs théories, il y a eu inversement de l’expertise.

Pour les personnes qui n’ont pas pu venir, vous pouvez lire le texte de l’intervention de Marie-Hélène « Le syndrome du CTLHF : Contre Trans Lacanien pré-féministe hétéro Fétichiste".

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