21/02/04
Ca y est, le verdict
est tombé ! Les trans’ ne font pas partie des minorités discriminées
(c’est pas moi qui le dit). Il s’agit d’une constatation, suite à la remise
d’un rapport à un grand chef blanc hétéro. Le but de ce rapport est la
rédaction d’une loi (destinée à protéger ?) qui orientera une instance
judiciaire, saisie d’une plainte, à prononcer la condamnation de propos/actes
malveillants subis par une personne, par un groupe ne faisant pas partie
de la CATEGORIE communément désignée par « la norme hétéro-blanche-occidentale ».
La loi et son arsenal juridique n’ont pourtant pas permis d’empêcher un drame !! Concrètement, il m’est exaspérant de me dire ou d’entendre dire que seule une loi peut éduquer, édicter, protéger et, par là, cautionner des règles subjectives instituées par une minorité (parce que ceux qui font les lois sont une minorité).
Ne sommes nous pas capables, par nous-mêmes [nous, les autres « catégories »] d’affirmer nos différences et de les faire respecter. Devons-nous réellement nous enfermer et nous cacher derrière un texte, des tables de la loi ce qui correspond à demander une bénédiction, un feu vert pour l’existence ?
Invisibles nous sommes, invisibles nous ne resterons pas !
Maxime
COMMUNIQUE DE PRESSE de l’Association du Syndrome de Benjamin - ASB -
La future loi sur les propos discriminatoires et les dispositifs législatifs de lutte contre les discriminations à venir ne doivent pas êtres discriminants eux-mêmes !
L’ASB (Association du Syndrome de Benjamin), seule association transsexuelle
qui ait été reçue le 22 août dernier par la
mission Stasi, accueille avec satisfaction le contenu global du rapport
de Bernard STASI remis hier au Premier Ministre. Son ambition est louable,
mais ne pourra effectivement être efficace qu’à la condition
que le gouvernement et nos assemblées respectifs lui en donnent
réellement tous les moyens.
Cela ne doit pas s’arrêter aux simples effets d’annonces ou à des prises en charge symboliques ou superficielles de ces questions. Il ne sera pas d’avantage acceptable d’exclure d’autres formes de discriminations !
L’ASB regrette et dénonce, qu’une fois de plus la liste des champs de discriminations retenus ne se cantonne qu’au simple catalogue répertorié dans les dispositifs législatifs actuels, laissant ainsi pour compte une frange de la population discriminée. Le travail effectué par la mission aurait pu être enfin l’occasion d’introduire la notion « d’identité de genre » dans ses propositions pour les personnes transsexuelles et transgenres, comme nous lui en avions fait la requête orale et écrite lors de notre audience.
L’amalgame systématique à la notion de « l’orientation sexuelle » pour les personnes trans est inconcevable !
Cet amalgame devient inacceptable lorsqu’il y a volonté politique
de l’entretenir par simple commodité d’expression ou d’écriture.
La transsexualité et le transgénérisme sont des questions
d’identité et de revendications de genre, non de sexualité
!
L’horrible agression dont a été victime Sébastien NOUCHET le mois dernier, révèle la montée et la cruauté des actes homophobes que peut soulever l’amour de deux personnes du même sexe. Il y a lieu en effet de condamner l’homophobie.
Mais la transphobie existe aussi et il y a aussi lieu de la condamner sévèrement ! Une personne qui à la conviction d’appartenir au sexe opposé de celui de sa naissance et qui le vit naturellement au quotidien a le droit comme tout une chacune d’être respectée.
Pourtant, comment admettre que nos dispositifs législatifs ne veuillent toujours pas intégrer l’identité de genre comme discrimination alors que par exemple : Il y a deux ans, une des adhérentes de l’ASB, qui sort tranquillement de discothèque un soir, se voit agressée par une petite bande pour tenter de la violer. En lui arrachant ses vêtements, ses agresseurs découvrent qui elle est (elle n’était pas encore opérée). L’un d’eux sort un couteau « pour lui couper le pénis » et « lui faire payer ». Elle se débat et il lui plante l’arme dans la cuisse. À ce moment-là, un autre arrive avec un bidon d’essence, l’asperge, et lui met le feu. Brûlée gravement, elle aussi, devra supporter toute sa vie les séquelles de cet effroyable événement transphobe.
Combien de morts vous faudra-t-il, Mesdames et Messieurs les législateurs, pour qu’enfin la transphobie et l’identité de genre soient reconnue au même titre que les autres discriminations ?
Depuis le 25 novembre 2003, dans le cadre de sa mission interministérielle
sur les propos à caractère discriminatoire, nous interpellons
Dominique PERBEN et son cabinet par courrier, mail et téléphone,
pour qu’ils acceptent de nous auditionner dans le cadre de la préparation
de la future loi, mais sans succès.
Au prétexte invoqué de « difficultés techniques
», il nous est refusé l’intégration de la notion d’identité
de genre et de transphobie dans les futurs dispositifs législatifs.
L’ASB refuse d’admettre de tels arguments qui excluraient une frange de
la population au seul
critère de « difficultés techniques ».
L’Association du Syndrome de Benjamin demande à ce qu’aucune discrimination
ne soit opérée dans la législation française
à l’encontre des personnes transsexuelles et transgenres. L’ASB
demande que les termes « identité de genre » et «
transphobie » soient intégrés dans nos textes juridiques,
notamment dans le code civil et le code du travail.