Ecouter le témoignage de Vincent

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Pas d’invité pour cette dernière émission de l’année 2004.

Pour commencer le TDOR, journée internationale de lutte contre la transphobie :

Le 20 novembre, le G.A.T a fait une action sous la forme d’un die-in au forum des images, sur la place carrée des halles.

Le choix de l’endroit a été fait dans la mesure où le forum des halles est très fréquenté le week-end et parce qu’avait lieu au même moment le festival gay et lesbien ; donc cible stratégique pour le G.A.T qui a bénéficié de la présence de la communauté.
Une vingtaine de personnes étaient présentes. La lecture de la liste des 25 personnes assassinées (liste non-exhaustive et sous-estimée) démontre que la transphobie est aussi en France et pas seulement à paris.

La transphobie tue et l’état ne fait rien, l’état est complice

D’ailleurs, dans l’actualité, il y a ce meurtre perpétré à strasbourg en 2002 qui a entraîné la condamnation des coupables au début du mois.

Le motif du jugement énonce qu’il s’agissait « d’un garçon qui désirait se faire opérer pour devenir femme » (la victime était déjà hormonée). Les articles parlant de l’affaire ne sont pas clairs : pour la cour il s’agit d’homophobie. Ce qui induit que le motif a été défini comme « homophobie ». Il est révoltant de noter que tous les compte-rendus sont rédigés au masculin lorsque l’on parle de la victime. Nous considérons que c’est une forme de transphobie puisque les juges ne sont même pas capables de respecter l’identité de la personne.
Les deux assassins ont essayé, pour leur défense, d’avancer qu’il « n’était pas normal que la victime ait des relations avec des hommes et « qu’il » voulait devenir une femme »
Il faut préciser que si le jugement avait mentionné comme motif la « transphobie », il aurait pu être caduc car la transphobie n’existe pas dans les textes a contrario de l’homophobie.
D’où l’intérêt que la transphobie apparaisse au moins dans des textes réglementaires au même titre que les autres discriminations.
Le procès est évidemment passé inaperçu dans les médias car comme d’habitude on ne parle jamais des trans assassinéEs.
Tant que l’on sera psychiatrisé, il n’y aura pas de loi car on ne discrimine pas des « malades mentaux ».
Aujourd’hui encore, les trans’ sont considérés incapables de gérer leur vie. C’est leur parole contre celle du psy qui finit par avoir le dernier mot, donc « raison ».
Les trans’ sont au même point que les homosexuels lorsque l’homosexualité était encore classée comme trouble mental, ou comme une maladie : nous n’avons pas le droit de cité.

 

Le 2ème point de l’ordre du jour concerne les discriminations et la fameuse « halde » (haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité)

Pour l’historique, cette loi votée récemment est partie d’une promesse de chirac qui devait intégrer en droit français une directive issue de la communauté européenne.
Au premier trimestre 2004, Chirac a missionné stasi qui a reçu un certain nombre d’associations dont une association trans’.
A ce moment là on se posait déjà la question de savoir si les questions trans’ seraient ou non inscrites dans les discriminations par la mission stasi ; et bien non ! Cette mission stasi, malgré des textes, notamment une résolution de 89 du parlement européen, indiquant que les trans’ sont discriminés, a considéré que les trans’ n’existaient pas en effet, il n’y a pas un mot, figurant dans son rapport, sur les questions trans’.
Ensuite a été rédigée une loi créant cette haute autorité en même temps que la promesse d’un projet de loi pénalisant les propos homophobes après la tentative d’assassinat de Sébastien Nouchet.
La halde a donné lieu à des discussions entre les associations et, notamment, le ministère de la justice et encore une fois, le projet de loi gouvernemental n’a pas repris la question trans’.
En revanche, la proposition de loi contre les propos homophobes a donné lieu à un tir de barrage extrêmement virulent de la CNCDH (consultation nationale consultative des droits de l’homme), des lobbyings religieux et ainsi que de certains syndicats. On ne peut qu’en conclure que l’église n’est plus séparée, tant que ça, de l’état … Et, brutalement, le gouvernement a fait marche arrière et a retiré son projet de loi.
Heureusement, dans le même temps, il y a une pression des associations lgbt, le gouvernement a alors placé, les discriminations homophobes, par voix d’amendements à la halde.
Mais évidemment nulle part il n’est question des discriminations dont sont victimes les trans’. On le répète, les trans’ n’existent pas … (lire le communiqué du GAT).

A aucun moment dans ce corpus législatif mis en place et malgré les amendements parlementaires déposés par le ps ou les verts et les réclamations de certaines associations lgbt qui ont pris l’habitude de réclamer que les questions d’identité de genre soient ajoutées en même temps que la notion d’orientation sexuelle, aucune volonté n’est apparue pour les intégrer et cela, malgré les promesses de perben aux mois de mars/avril d’intégrer les trans’ par voix d’amendements parlementaires

Mais bon on n’oublie pas que chirac = super menteur !

Lors des débats, le rapporteur de la loi répondait au ps que les trans’ étaient couverts par une directive européenne de 76 relative à la mise en œuvre de l’égalité de traitement entre hommes et femmes pour l’accès à l’emploi, la formation professionnelle et les conditions de travail.
Cette directive énonce une égalité, que l’on sait bien théorique, qui a été confirmée par un arrêt de la cour de justice des communautés européennes et énonçant que l’égalité entre hommes et femmes s’applique en cas de « conversion sexuelle ». Les transgenres et les personnes en cours de transition ne sont évidemment pas pris en compte.

C’est un royal foutage de gueule !

Pourquoi les trans’ sont-ils absents des discussions ? on l’a déjà dit mais on ne le répètera jamais assez : parce qu’ils relèvent d’une nomenclature psychiatrique.
Tant que nous serons psychiatrisés, il n’y aura pas de possibilité que les discriminations dont nous sommes victimes soient reconnues : on ne discrimine pas des malades mentaux.

La fenêtre de tir est donc fermée. Le sénat votera le texte à l’identique de l’assemblée nationale car le gouvernement ne veut pas, à notre avis, entendre de nouveau ce qui a été proféré lors des débats en seconde lecture, du style : « les homosexuels sont un danger pour la survie de l’humanité ». C’était carrément un appel au meurtre « déguisé » …

Dans cette histoire, il faut tirer un bilan : il y a eu le risque qu’un amendement (amendement garaud) soit adopté consistant à dire que seules les associations reconnues d’utilité publique puissent porter plainte. Les associations lgbt ne l’étant pas, elles sont montées au créneaux pensant, à juste titre, qu’elles allaient perdre quelque chose si elles ne bougeaient pas. L’amendement a été retiré. Les trans’ là-dedans, eux, n’avaient rien à perdre puisqu’il n’est question d’eux nulle part, ils n’existent pas …

Troisième point d’actualité : la « case 23 »

La case « 23 » correspond à la position dans laquelle sont « rangés » les trans’ dans le décret 1049 du 4/10/04 (sur le site de Tom) listant les affections longue durée (ald) : « trouble psychiatrique de longue durée – trouble précoce de l’identité de genre ».

Pourquoi ce décret ?

Il faut savoir qu’au titre de la réforme de l’assurance maladie, l’ensemble des institutions médicales va être restructuré.
Il en sera ainsi, du haut comité médical de la sécurité sociale (dont relève la responsabilité d’établir la liste des ald) au même titre que l’anaes. Une de ces entités chapeaute l’autre.
A partir du 01/01/05, ces deux entités seront peut-être fusionnées, il va y avoir des changements dans les organigrammes, ça va bouger.
Dans ce haut comité, on retrouve deux personnes à qui on a affaire régulièrement : b cordier le psychiatre de l’équipe de foch responsable d’un protocole qu’il veut imposer à tout le monde et h. lallement chef de service à la cnam qui s’occupe des prises en charge des interventions hors de France.
On lance l’hypothèse que ces deux là, bénéficiant de cette promotion, ce sont entendus pour faire les choses dans le sens qui les intéresse.
La question qui se pose, est que l’on bénéficiait déjà de l’ald avant la parution de ce décret en hors liste mais, aujourd’hui, ce décret nous pathologise « trouble mental » (case 23)

Trans de ce pays, retenez bien cette « case 23 », c’est là que vous habitez maintenant

Le décret parle de « trouble précoce de l’identité de genre », qu’est-ce que ça veut dire ?
Le médecin doit démontrer que dans l’enfance, ce trouble existait déjà … c’est une manière d’imposer la notion de transsexualisme primaire des équipes officielles. Mais « précoce » qui peut dire à quel âge ça commence ?!!
Ils ont trouvé le moyen d’exclure les trans’ qui se sont mariés, qui ont eu des enfants en d’autres termes, qui se seraient adaptés au comportement sexuel de « leur » civilité.

Quels seront les critères pour démontrer cette transsexualité précoce ???!! Qu’est-ce qu’on entend par trouble ???!!
On a l’impression d’être psychiatrisé sur quelque chose qui ne veut rien dire !

Ce décret s’articule, comme on le disait plus haut, autour de la réforme de la sécurité sociale qui prévoit un processus coordonné de soins liés aux ald : le protocole inter-régimes d'examen spécial « pires » (sur le site de Tom). Le danger lié à ces protocoles est qu’ils soient un copier / coller des protocoles que l’on connaît actuellement. On a l’impression que ce décret a été pris dans la précipitation avant le démantèlement des différents services de la cnam. Le ministère avait pourtant chargé l’anaes de définir quel serait le meilleur moyen de prise en charge des trans’. L’anaes n’a pas eu le temps de donner sa réponse puisque nous sommes intégrés, de fait, en troubles psychiatriques par la parution de ce décret.

En ce qui concerne l’anaes, suite à la réunion du 27 septembre avec 9 associations ou organisations trans’, pas trop de retour.
Le G.A.T et Trans’act ont envoyé une lettre de relance. Il semblerait que l’anaes ait quelques difficultés à articuler son action avec la parole des personnes concernées.

Quatrième point d’actualité : le 1er décembre – la lutte contre le sida

Le 1er décembre est la journée internationale de lutte contre le sida. Un rassemblement annuel organisé par act-up s’est déroulé de barbès à opéra.
Le sida concerne également les trans. Il n’existe de statistiques qu’aux usa et qui montrent que les trans’ sont les plus touchés par le sida dans la communauté lgbt.
Il n’y a pas réellement de campagne de prévention dans les médias mis à part les affiches de la mairie de paris illustrant une capote devant une bouée, on voit pas trop l’intérêt.
Aucune campagne ne met réellement les risques en avant. On ne parle pas, par exemple, des traitements prophylactiques à prendre après un rapport à risque. Le risque existe même s’il n’y a qu’un seul partenaire.
Dans la mesure où les trans’ ne sont pas visibles, ni sensés être « sexualisés » ou, à l’inverse hyper-sexualisés, il est difficile de mettre en place des campagnes de prévention.
Le PASTT a édité des brochures mais à destination d’un public ciblé et la commission trans’ d’act-up paris travaille pour essayer de regrouper des chiffres et mettre en place des campagnes de prévention.

La veille du rassemblement des militants d’Act-Up Paris se sont rendus à l’élysée ...

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